Les organisations ne maîtrisent pas toujours le comportement des tiers impliqués dans leur chaîne d’approvisionnement. De ce fait, les acheteurs ont souvent des difficultés à mesurer et contrôler l’empreinte carbone de leurs fournisseurs. Comment engager son organisation dans la décarbonation des achats ? Comment les acheteurs peuvent-ils mettre en œuvre une politique d’achat bas carbone de manière concrète et mesurable ? Quels sont les leviers à disposition ?
Qu’est-ce qu’un achat bas carbone ?
Un achat bas carbone a pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre induites par les processus de fabrication et d’approvisionnement.
La définition d’un achat bas carbone diffère de celle d’un achat écologiquement responsable qui prend également en compte d’autres facteurs environnementaux. Cependant, la décarbonation est un pilier des stratégies achats RSE car la réduction de l’empreinte carbone est le plus grand défi à venir des entreprises.
Plusieurs études ont montré que les émissions indirectes, dont une grande partie est liée aux achats, représentent plus de la moitié des émissions dans la majorité des entreprises, et parfois même plus de 70 %. Les Achats ont donc un rôle important à jouer et doivent faire de la politique d’achats à faible intensité carbone une priorité dans leurs organisations pour que celles-ci contribuent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Bon à savoir : La décarbonation n’implique pas uniquement la réduction des émissions de CO2, mais aussi de toutes les émissions de gaz à effet de serre comme le méthane. Cependant, les émissions carbone représentent la majorité des émissions GES qui sont les principales responsables de l’effet de serre et du dérèglement climatique.
Comprendre les enjeux de la réduction de l’empreinte carbone des achats
Avec l’accord de Paris signé en 2020, les pays de l’Union Européenne se sont donnés comme objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cette ambition collective nécessite la contribution des entreprises. Or, les achats font partie des premiers concernés par les objectifs de réduction de l’empreinte carbone.
Pour le comprendre, il faut revenir sur les différents types d’émissions émises par les entreprises, et comment celles-ci sont calculées. Dans les bilans carbone, aussi appelés bilans GES, on distingue plusieurs périmètres (scopes) d’émissions. Obligatoires pour les entreprises d’une certaine taille, ces bilans visent à évaluer la quantité de gaz à effet de serre émise par les organisations dans le but de les réduire. On distingue trois types d’émissions GES :
- Scope 1 : les émissions directement liées à la production
- Scope 2 : les émissions indirectes liées à la consommation d’énergie nécessaire pour la fabrication d’un produit ou pour assurer l’activité de l’organisation
- Scope 3 : Toutes les autres émissions indirectes, comme les émissions liées aux transports, à l’approvisionnement, à l’utilisation et à la fin de vie du produit
Comme expliqué précédemment, les émissions de scope 3 représentent la majorité des émissions des entreprises, et celles-ci viennent en grande partie des fournisseurs. Les Achats doivent donc se saisir de ce sujet, mais ont besoin d’outils pour y parvenir car ces émissions sont plus complexes à mesurer et à maîtriser. Cela représente donc un défi de taille, mais les achats peuvent déjà mettre en place certaines actions.
Comment entreprendre une démarche d’achat bas-carbone ?
Les acheteurs peuvent agir à plusieurs niveaux, en commençant par le scope 1 et 2 sur lesquels les organisations ont plus de contrôle. Ils peuvent développer des achats bas carbone en optant pour un fournisseur d’énergies renouvelables, ou encourager une démarche d’économie circulaire auprès des prescripteurs, par exemple.
Pour agir sur les émissions de scope 3, il faut pouvoir évaluer l’empreinte carbone de ses fournisseurs. La plupart ne détiennent pas encore de données précises. Il est possible de s’appuyer sur des données sectorielles, ou lorsqu’ils sont disponibles, sur les bilans GES des entreprises. Ces bilans vous donneront un premier aperçu de ce qu’émet le fournisseur au cours de son processus de production.
Les responsables achats en collaboration avec les services spécialisés en développement durable (ex : expert green) peuvent également identifier les catégories d’achats facteurs d’émissions et sur lesquelles il faut agir en priorité. Afin de comparer et de réaliser des choix éclairés, s’appuyer sur une analyse du cycle de vie du produit (“ACV”) peut être pertinent et permettre au passage d’identifier des améliorations. Par ailleurs, il convient d’étudier en priorité les segments d’achats où il existe plus d’opportunités et d’alternatives écoresponsables.
Exemple avec les achats IT
ll y a de nombreuses opportunités à saisir pour réduire l’empreinte carbone de ses achats numériques. Mais, il faut entamer sa réflexion en amont de l’achat, en se rappelant toujours que le meilleur achat est celui qu’on ne fait pas. Certains métiers ont des besoins spécifiques, et peuvent avoir besoin de matériel supplémentaire ou différent. Demandez-vous s’il est nécessaire de fournir les mêmes équipements à tous les départements. Vous pourriez par la même occasion réaliser des économies.
Au moment de l’achat, renseignez-vous sur la performance environnementale du fournisseur. L’utilisation de matériel reconditionné peut être également une bonne occasion de réduire l’empreinte carbone des équipements numériques.
Il est également important d’anticiper la gestion des équipements en fin de vie, pour développer une politique de réemploi, de recyclage ou de revente. Privilégiez des équipements robustes, plus durables pour éviter d’avoir à changer les équipements trop fréquemment. D’ailleurs, la possibilité de faire appel à un service de maintenance des équipements peut être un point à prendre en compte lors de l’achat. Il y a énormément de pistes à explorer, et ceci n’est qu’un exemple parmi d’autres.
L’achat bas-carbone dans les achats publics
Dans les marchés publics, la question environnementale est également très importante. De plus en plus d’organisations publiques doivent suivre les objectifs de développement durable et améliorer la prise en compte de l’impact environnemental dans leurs achats. Certaines ont notamment l’obligation d’adopter un Spaser, par exemple.
Les acheteurs publics peuvent utiliser différents leviers pour orienter le choix de leurs fournisseurs et les obliger à respecter certains critères. Voici quelques exemples de ce qu’il est possible de faire.
La clause carbone
Dans le cadre d’un achat responsable dans le secteur public, les acheteurs peuvent utiliser des clauses carbone. Il en existe différentes sortes. Ils peuvent, par exemple, demander une clause d’engagement obligeant le titulaire du marché à comptabiliser les émissions GES de sa prestation de façon annuelle ou à la fin du marché pour que l’organisation puisse l’intégrer à son bilan carbone.
Ils peuvent également instaurer une obligation de reporting pour que le titulaire soit obligé de calculer et partager régulièrement les données sur son impact carbone auprès du service achats. Cette clause permet aux organisations publiques de suivre l’évolution de l’impact du fournisseur et de s’assurer que des actions sont mises en place pour réduire l’empreinte liée à son service.
Le critère carbone
Les acheteurs publics peuvent utiliser le critère carbone dans le cadre d’achats de matériels ou d’équipements, par exemple. Les fournisseurs devront leur transmettre des éléments sur les matériaux et le processus de fabrication (matériaux utilisés, énergie, etc.), mais aussi sur le poids ou sur la distance parcourue afin d’estimer le poids carbone de cet achat.
Questions fréquentes
Peut-on obtenir un label bas-carbone ?
Le label bas carbone est un label conçu par le gouvernement pour soutenir des projets qui contribuent à l’atteinte des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2050 de la France. Ce label certifie que les projets de réduction ou séquestration du carbone réalisés sur le territoire national sont correctement effectués. Ce dernier, contrairement au label RFAR (relation fournisseur achats responsables), ne peut pas être attribué à des entreprises.
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